Les tendinopathies (prise en charge)

Jocelyn-William LOUBRIAT

Le traitement des tendinopathies ne peut se résumer à la simple prise d’anti-inflammatoires et au repos. Les données actuelles des connaissances impliquent une prise en charge multi disciplinaire faisant intervenir conjointement médecin, kinésithérapeute et ostéopathe.

Traitement Médical:

Comme nous l’avons exposé dans l’article précédent, seules les paraténonites (atteintes des éléments périphériques du tendon, gaines, synoviales, bourses séreuse) relèvent d’une atteinte inflammatoire. Les tendinoses et les enthésopathies consistant en des désorganisations des tissus fibreux sans inflammation.

Les anti-inflammatoires non-stéroïdien (AINS) par voie orale ou en application cutanée, n’auront donc leur place, éventuellement*, que brièvement (10 à 15 jours) au début de l’affection. Ceci essentiellement pour leur action contre la douleur. L’utilisation de « tissugel » (Flector Tissugel ou Voltapatch Tissugel) permet une diffusion continue du produit et donne de meilleurs résultats.
(* : Certaines études s’interrogent sur la nécessité du processus inflammatoire naturel, dans un processus de cicatrisation optimal).

Les infiltrations de corticoïdes ne devront être envisagées que dans les cas de paraténonites, si les symptômes persistent après les traitements de première intention. En effet, si elles donnent d’assez bons résultats dans les éléments périphériques (bourses, gaines synoviales…), elles fragilisent la structure du tendon et perturbent la cicatrisation au niveau de l’enthèse. Elles sont donc à proscrire à ces niveaux.

En clair :               pas d’infiltration dans le tendon ou son insertion (enthèse)
ok pour une infiltration dans la bourse séreuse ou la gaine synoviale.

Traitement Ostéopathique :
Il vise à chercher et éliminer les causes potentielles des tendinopathies, tels que des déséquilibres articulaires ou des chaînes musculaires, sources de compensations qui peuvent aboutir à la surcharge d’un tendon. Certaines dysfonctions viscérales peuvent aussi conduire à l’apparition de tendinopathies. L’ostéopathe tentera de rétablir l’équilibre perdu.

Traitement Kinésithérapique :
Le traitement en kinésithérapie devra comporter d’une part un traitement à visée locale pour stimuler la cicatrisation et/ou la régénération tissulaire et favoriser l’indolence. L’ensemble des « outils » thérapeutiques ci-dessous devront être utilisés pour de meilleurs résultats.

  • Cryothérapie : fonctions antalgiques et vasculaires
  • Ondes de choc : stimulation de la cicatrisation et effets antalgiques et vasculaires
  • Massage transverse profond (MTP) : stimulation de la cicatrisation et effets antalgiques et vasculaires
  • Protocole de Stanish : sollicitation progressive du tendon par des contractions excentriques à divers angles et vitesses, associées à des étirements pour stimuler une meilleure reconstruction des fibres tendineuses.
  • Autres physiothérapie : ultrasons, ventouses, crochetage, électrothérapie… pour leurs effets propres.

D’autre part, un traitement postural global (type Mézières), en complément des séances de kinésithérapie traditionnelles et de l’ostéopathie devra être envisagé afin de limiter les risques de récidives.

Repos
Le repos strict ne favorise pas une bonne récupération, cependant, en présence de tendinopathie il faudra s’interdire une reprise sportive (sollicitant la région lésée) trop précoce. L’entretien cardio-vasculaire par la natation, le vélo, la course à pied, en l’absence de contre-indication vis-à-vis de ces pratiques (implication de la région lésée), favorisera un retour à l’activité dans les meilleurs délais.

Conclusion
C’est l’action conjointe de l’ensemble des acteurs du soin du sportif qui favorisera un retour au sport dans les meilleurs délais. La précocité de la prise en charge limitera le glissement vers la chronicité.
Donc lors d’apparition de douleurs, ne tardez pas à consulter un médecin du sport.

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Références :

BRUCHARD A., DUEE T. : Les lésions tendineuses : conceptualisation et clinique. Profession Kinésithérapeute n°19, 2008.
CHANUSSOT J.C., DANOWSKY R.G. : Traumatologie du sport, Ed. Masson, 5ème éd., Paris, 1999.