Les lésions musculaires (intrinsèques)

Jocelyn-William LOUBRIAT

Elongation, claquage, déchirures sont des termes bien connus faisant référence à des lésions musculaires. Cependant, les connaissances scientifiques évoluant, il serait préférable d’utiliser désormais une nomenclature différente : celle de « lésion myo-aponévrotique ».

On parlera ici des lésions intrinsèques, à savoir celles provoquées sans « agent » extérieur. Nous ne parlerons pas des blessures extrinqèques par exemple lors d'un choc sur le muscle avec un élément extérieur = contusion).


Définition :

On doit parler de lésion myo-aponévrotique car tous les accidents musculaires (intrinsèques) révèlent une disjonction entre les fibres musculaires et le tissu aponévrotique sur lequel elles devraient s’accrocher. Il s’agit donc d’une rupture de la liaison entre la fibre musculaire et le tissu conjonctif.

Il existe 3 localisations possibles :

  • la jonction entre le muscle et le tendon
  • la jonction entre le muscle et les cloisons conjonctives centrales, en profondeur du muscle
  • la jonction entre le muscle et les parois périphériques, en superficie du muscle


Mécanisme lésionnel :

Lors de l’effort musculaire, dans certaines conditions, les éléments assurant la jonction entre les fibres musculaires et les fibres conjonctives vont être malmenés et éventuellement détériorés. C’est le cas lors d’un effort musculaire excentrique*. L’accumulation d’efforts importants en excentrique peut favoriser une « fatigue » à ce niveau et aboutir à une lésion : un décrochement entre les fibres musculaires et les fibres aponévrotiques.

Autre mécanisme responsable de telles lésions : l’Overstretching. Littéralement cela signifie « étirement au-delà des capacités ». Cela peut arriver lorsqu’on étire trop loin le muscle, mais aussi lors d’un effort où l’on contracte fort le muscle simultanément à un mouvement vers l’allongement. Typiquement un violent crochetage talon sur des ischios jambiers mal échauffés.

*Le travail excentrique est celui qui freine un mouvement.
Par exemple lorsqu’on descend les escaliers, les quadriceps (muscles du dessus de la cuisse) freinent le mouvement, ils travaillent en excentrique.
Autre exemple : lors d’exercices au pan Güllich, on jète vers le haut puis on redescend. Lors de ce deuxième temps les biceps freinent le mouvement descendant : c’est du travail excentrique.


Diagnostic :

Le diagnostic précis devra être posé par le médecin du sport et ce le plus rapidement possible après la survenu de la blessure.

Pour vous orienter :

  • Si vous avez ressentie une vive douleur dans le muscle lors de l’effort, que cette douleur est reproduite chaque fois que vous contractez le muscle en isométrique ET en dynamique ceci depuis une position ou le muscle est relativement étiré alors stoppez votre séance et allez consulter dans les 3 jours.
  • Si la douleur ne survient qu’en contraction dynamique (toujours en position d’allongement du muscle), réduisez l’intensité et le volume de vos séances.
  • Si la douleur ne survient qu’en contraction isométrique(en position d’allongement), poursuivez la séance

L’échographie (qui peut être réalisée dès le jour même de la blessure) révèlera la localisation précise de la lésion. Celle-ci a son importance car c’est elle qui détermine le pronostic.


Pronostic :

La lésion myo-aponévrotique centrale est la moins grave. Si les consignes sont respectées et les soins bien suivi, le retour à la normal devrait s’effectuer en une quinzaine de jours.

Dans le cas de lésion périphérique cela prend presque le double.

Si la lésion est myo-tendineuse, alors le protocole dure un mois et demi.

Nous aborderons les thérapeutiques à mettre en place le mois prochain dans la rubrique « soins ».

 

 


Références :

 

BRUCHARD A., DUEE T. : La lésion myo-aponévrotique. Profession Kinésithérapeute n°17, 2008.
CHANUSSOT J.C., DANOWSKY R.G. : Traumatologie du sport, Ed. Masson, 5ème éd., Paris, 1999.